17 May
17May

8 mai 2019

Principaux faits

  • Environ 3 milliards de personnes font la cuisine et chauffent leur logement à l’aide de foyers ouverts ou de simples poêles utilisant du kérosène ou de la biomasse (bois, déjections animales, résidus agricoles) et du charbon.
  • Chaque année, plus de 4 millions de personnes meurent prématurément de maladies imputables à la pollution de l’air domestique due à la cuisine à base de combustibles solides et du kérosène.
  • La pollution de l’air à l’intérieur des habitations est responsable de maladies non transmissibles, AVC, cardiopathies ischémiques, bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) et cancers pulmonaires.
  • Près de la moitié des décès par pneumonie chez l’enfant de moins de 5 ans sont dus à l’inhalation de matières particulaires provenant de la pollution de l’air intérieur.

Pollution de l’air à l’intérieur des habitations et énergies domestiques

Environ 3 milliards de personnes continuent de faire cuire leurs aliments et de chauffer leur logement au moyen de combustibles solides (à savoir le bois, les résidus agricoles, les déjections animales, le charbon et le charbon de bois) et du pétrole dans des foyers ouverts ou des cuisinières peu efficaces. Il s’agit pour la plupart de personnes pauvres, vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.Ces combustibles et méthodes de cuisson sont peu efficaces et produisent de forts niveaux de pollution de l’air dans les logements, qui mettent en jeu une multitude de polluants nocifs pour la santé, notamment de fines particules de suie qui pénètrent dans les poumons en profondeur. Dans les habitations insuffisamment ventilées, la teneur en particules fines dans la fumée domestique peut atteindre une concentration 100 fois supérieure aux niveaux acceptables. Les femmes et les jeunes enfants, passant le plus de temps près de l’âtre, sont particulièrement exposés.

Effets sur la santé

Chaque année, 3,8 millions de personnes meurent prématurément de maladies imputables à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations, qui résulte d’une utilisation inefficace de combustibles solides et de pétrole pour cuisiner. La répartition de ces décès par cause est la suivante:
  • 27% pneumonie; 
  • 27% cardiopathies ischémiques;
  • 20% bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO);
  • 18% d'AVC; et
  • 8% de cancer du poumon.

Pneumonie

L’exposition à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations multiplie presque par 2 le risque de pneumonie chez l’enfant et cause 45% des décès d’enfants de moins de 5 ans. Chez les adultes, cette pollution peut être à l'origine d’infections aiguës des voies respiratoires inférieures (pneumonie) qui conptent pour 28% des décés chez les adultes.

Bronchopneumopathies chroniques obstructives

Un décès sur 4, soit 25% des décès par bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) chez l’adulte,  découle, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, d’une exposition à la pollution de l’air intérieur. Les femmes exposées à de fortes concentrations de fumée domestique ont 2 fois plus de chances de souffrir de BPCO que celles qui utilisent des combustibles plus propres. L’exposition à la fumée domestique double presque ce risque chez les hommes, déjà soumis à un risque accru de BPCO du fait de leur taux de tabagisme plus élevé.

Accidents vasculaires cérébraux

12% de tous les décès dus aux accidents vasculaires cérébraux  peut être attribué à une exposition chronique aux polluants rejetés dans l’air intérieur lors de la cuisson d’aliments à l’aide de combustibles solides et au kérosène.

Cardiopathies ischémiques

On estime qu’environ 11% de l’ensemble des décès dus à des cardiopathies ischémiques, soit plus d’un million de décès prématurés par an, résultent de l’exposition à de l’air pollué à l’intérieur des habitations.

Cancer du poumon

Environ 17% des décès causés par un cancer du poumon résultent, chez l’adulte, de l’exposition à des carcinogènes présents dans l’air domestique du fait de sa pollution par la cuisson d’aliments au moyen de combustibles solides comme le bois, le charbon et le charbon de bois ou de kérosène. Les femmes courent un risque accru du fait de leur rôle dans la préparation des aliments.

Autres effets sur la santé

De façon plus générale, les matières particulaires fines et autres polluants présents dans les fumées domestiques provoquent l’inflammation des voies respiratoires et des poumons, ce qui détériore la réponse immunitaire et réduit le pouvoir oxyphorique du sang.Certaines données prouvent les liens entre la pollution de l’air à l’intérieur des logements et le faible poids de naissance, la tuberculose, la cataracte et les cancers nasopharyngé et laryngé.

Effets sur l’équité en santé, le développement et le changement climatique

À défaut d’une réorientation significative des politiques, le nombre total des personnes n’ayant pas accès à des combustibles et des technologies propres restera globalement inchangé d’ici 2030 (Agence internationale de l’énergie, 2017)1, ce qui constitue un obstacle à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
  • Le ramassage des combustibles augmente le risque de lésions musculo-squelettiques, prend beaucoup de temps aux femmes et aux enfants, limite d’autres activités productives (pour générer des revenus par exemple) et empêche les enfants de suivre normalement leur scolarité. Dans les environnements peu sûrs, les femmes et les enfants sont exposés au risque de traumatismes et de violence pendant le ramassage des combustibles. 
  • Le noir de carbone (particules de suie) et le méthane émis par les foyers de cuisson inefficaces sont de puissants polluants qui favorisent les changements climatiques.
  • Nombre des combustibles et d'appareils utilisés par les familles pour la cuisine, le chauffage et l’éclairage entraînent des risques. L’ingestion de pétrole est la première cause d’intoxication de l’enfant et une grande partie des brûlures et traumatismes graves survenant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire sont liés à l’énergie utilisée dans les foyers pour la cuisine, le chauffage ou l’éclairage.
  • Un milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité et nombre d’entre elles se servent donc de lampes à pétrole pour s’éclairer. Cela expose les ménages à des niveaux très élevés de particules fines, et crée d’autres risques pour la santé (par exemple brûlures, traumatismes et intoxication par ingestion de combustibles). Cela produit également des effets en réuisant les opportunités de développement, empêchant  les gens d' étudier ou  et  certains petits métiers et formes d’artisanat nécessitant un éclairage adapté.

L’action de l’OMS

L’OMS fournit une assistance technique aux pays pour conduire des  évaluations et pour développer l’usage domestique des combustibles et technologies favorables à la santé. Elle renforce les capacités nationales et régionales de lutte contre la pollution à l’intérieur des habitations au moyen de consultations directes et d’ateliers sur les énergies domestiques et la santé.Ces actions sont complétées par l’élaboration d’un ensemble d’outils appelé CHEST (Clean Household Energy Solutions Toolkit : Ensemble d’outils pour des solutions d’énergie domestique propre) pour favoriser la mise en œuvre des lignes directrices OMS relatives à la qualité de l’air intérieur : consommation domestique de combustibles.Cet ensemble comporte des outils et des informations aidant les pays à identifier les parties prenantes travaillant sur l’énergie domestique et/ou la santé publique, afin de concevoir, mettre en œuvre et contrôler les politiques portant sur les énergies domestiques.


Pour favoriser la qualité de l’air à l’intérieur et alentours des foyers, les nouvelles lignes directrices de l’OMS sur l’utilisation de combustibles et la qualité de l’air à l’intérieur des habitations présentent des recommandations sanitaires concernant les différents combustibles et ainsi que des technologies énergétiques propres à protéger la santé et des stratégies pour généraliser ces technologies dans les foyers. Elles se fondent sur des lignes directrices concernant la qualité de l’air et sur un guide sur les niveaux des polluants intérieurs spécifiques qui ont déjà été publiés par l’OMS.

Base de données sur les énergies domestiques

La base de données de l’OMS sur les énergies domestiques sert à suivre les progrès mondiaux en matière de transition vers des combustibles et fourneaux plus propres dans les habitations. Elle soutient aussi les évaluations de la charge de morbidité due à la pollution domestique résultant de l’utilisation de combustibles et technologies polluantes. Elle contient actuellement les données sur les logements provenant de plus de 1100 enquêtes dans 157 pays. Elle a été étendue pour inclure les informations sur les combustibles et technologies servant pour le chauffage et l’éclairage.

En tant qu’institution garante pour les indicateurs des objectifs de développement durable 3.9.1 (taux de mortalité attribuable à la pollution de l’air dans les habitations ou à la pollution de l’air ambiant) et 7.1.2 (pourcentage de la population utilisant principalement des carburants et technologies propres), l’OMS se sert de la base de données sur les énergies domestiques pour obtenir des estimations permettant de suivre les progrès vers l’accès universel aux énergies propres et les effets sanitaires qui en découlent. 

Recherche et évaluation des programmes

L’OMS collabore avec les pays, les chercheurs et d’autres partenaires en vue d’harmoniser les méthodes d’évaluation entre les différents milieux, et ainsi de jauger les effets sur la santé avec cohérence et rigueur, et d’y incorporer l’évaluation économique des bénéfices pour la santé.

Leadership et plaidoyer dans la communauté de la santé, de l’énergie et du climat

Secteur de la santé

En mai 2015, l’Assemblée mondiale de la Santé a adopté à l’unanimité une résolution sur la pollution de l’air et la santé demandant d’intégrer les préoccupations sanitaires dans les politiques nationales, régionales et locales relatives à la pollution de l’air. L’année suivante, elle a adopté une Feuille de route pour une action renforcée, demandant plus de coopération intersectorielle pour lutter contre les risques sanitaires liés à la pollution de l’air. L’OMS s’emploie à intégrer les lignes directrices et ressources en faveur d’énergies domestiques propres dans les initiatives mondiales de promotion de la santé de l’enfant et dans les outils d’aide à la décision, tels que le Plan d’action mondial intégré pour prévenir et combattre la pneumonie et la diarrhée ou la Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent, de même que dans d’autres volets des orientations politiques de l’OMS en matière de santé.L’OMS souligne les arguments sanitaires probants en faveur d’une énergie domestique moins polluante dans le cadre de plusieurs forums mondiaux portant sur la santé de la mère et de l’enfant en lien avec la pneumonie, ou encore sur les maladies non transmissibles chez l’adulte. De tels efforts peuvent contribuer à sensibiliser à l’importance de fournir des énergies domestiques propres et d’étendre leur utilisation, en tant que mesure essentielle de santé publique préventive.

Santé et changement climatique

L’OMS est partenaire de la Coalition pour le climat et l’air pur visant à réduire les polluants de courte durée de vie ayant un effet sur le climat (CCAC). En tant que membre du groupe spécial du CCAC, l’OMS apporte un soutien technique en vue de récolter les bienfaits sanitaires d’actions visant à réduire les polluants de courte durée de vie ayant un effet sur le climat, et s’emploie à intensifier l’engagement du secteur de la santé en faveur de la lutte contre de tels polluants et de l’amélioration de la qualité de l’air.

Santé, énergie et développement durable

La baisse de la charge de morbidité liée à la pollution de l’air (intérieur et extérieur) servira d’indicateur pour suivre les progrès accomplis vers l’objectif de développement durable relatif à la santé (ODD 3).L’accès universel aux technologies et combustibles propres est l’une des cibles de l’objectif de développement durable relatif à l’énergie (ODD 7). L’atteindre permettrait d’éviter des millions de décès et d’améliorer la santé et le bien-être de milliards de personnes qui utilisent aujourd’hui des combustibles et des technologies polluants pour la cuisine, le chauffage et l’éclairage.L’OMS conduit une initiative visant à améliorer, à harmoniser et à mettre à l’essai de nouvelles questions pour les recensements nationaux, le but étant de mieux évaluer les risques pour la santé, et de différencier selon le sexe les répercussions des différentes sources d’énergie domestique.Elle mène ces travaux avec le concours des pays et des organismes d’enquête (par exemple l’USAID, qui conduit les enquêtes démographiques et sanitaires, l’UNICEF, chargée des enquêtes par grappes à indicateurs multiples, et la Banque mondiale, qui effectue des études sur la mesure des niveaux de vie). Cet effort permettra également de collecter plus efficacement des données sur tous les combustibles et technologies utilisés au domicile pour la cuisine, le chauffage et l’éclairage, et sur d’autres dimensions comme le temps passé à ramasser le combustible.L’OMS soutient également des initiatives internationales visant à réduire la pollution de l’air et les conséquences connexes pour la santé, comme l’Alliance mondiale pour des cuisinières propres et la Coalition pour le climat et la qualité de l’air.


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